Stop Bodyshaming : un nouveau regard sur notre corps

Alors que l’été pointe gentiment le bout de son nez et que le confinement a aussi bien pesé sur notre moral que sur notre corps, prenons le temps de faire la paix avec ce dernier. La société nous fait croire que la beauté de nos corps est normée et qu’il faut s’y soumettre … STOP !

Les pressions imposées à notre corps

Au début du confinement, nombreux sont ceux qui ont eu peur de prendre du poids et se sont lancés dans de nouvelles activités sportives ou un régime anticipé. Les conditions du confinement qui pesaient déjà bien assez lourd sur notre moral ont eu raison de notre motivation …
Mais maintenant que l’été arrive, le fameux bikini body est de retour sur toutes les lèvres !

Certes, une activité sédentaire (c’est-à-dire où l’on bouge peu), ainsi qu’une alimentation non équilibrée, peuvent avoir des conséquences néfastes pour la santé. Mais subir les pressions de son entourage (famille, amis, lycée/fac…), comme des médias (réseaux sociaux, TV, magazines…) peuvent avoir un effet tout aussi néfaste sur sa santé, au moins mentale.
On n’a jamais vu personne qui n’avait ni l’envie profonde, ni le soutien suffisant et positif aller au bout d’un régime ou d’un programme sportif. Et abandonner son engagement provoque souvent un sentiment d’échec, pouvant miner son estime et sa confiance en soi.
Car la comparaison et la pression, au lieu d’être des moteurs positifs pour la plupart des humains, sont en fait assez destructeurs.

Les effets des « normes » de la beauté

Parce que l’été est la période de l’année où nous dévoilons le plus nos corps, ils se doivent d’être montrables ! Non pas seulement « montrables », mais carrément beaux !
Qui l’a décidé …? On ne sait pas mais « c’est comme ça » ! Et il faut s’y soumettre paraît-il …
Mais qui définit ce qu’est la « beauté » ? Comment jugeons-nous ce qui est beau et ce qui ne l’est pas ?

Aujourd’hui, c’est le jugement des autres qui définit ce qui est « beau » ou pas. Et si ce jugement est largement partagé, alors il devient une norme. La norme devenant un référentiel, les gens vont juger les autres en s’appuyant dessus. C’est un cercle … et en l’occurrence ici, il est souvent vicieux.

Dans le monde dans lequel nous vivons, hommes et femmes (cis ou trans-genre) sommes tous soumis à ces normes.
Pour les hommes (cis ou trans-genre), la norme veut qu’ils se soumettent aux critères définis pour une certaine forme de masculinité. C’est-à-dire un corps musclé, poilu (aux « bons » endroits) mais pas trop et surtout grand !
Et inversement pour les femmes (cis ou trans-genre), la norme veut qu’elles se soumettent aux critères définis pour une certaine forme de féminité. Avec comme pour les hommes, des critères parfois ambivalents … C’est-à-dire un corps absolument vierge de poils (alors qu’elle en a naturellement aux mêmes endroits que l’homme), une poitrine généreuse mais cachée et surtout une taille fine !
Être un homme ne devrait pas se résumer à « incarner le masculin » et inversement, la féminité ne devrait pas être la définition d’une femme. Pour en savoir plus, j’en parle dans l’un de mes précédents articles.

Ces « normes », sans cesse rappelées par le jugement des autres, réels ou que l’on s’imagine; ont un effet bien plus dévastateur sur le rapport que nous entretenons avec notre corps qu’une activité un peu trop sédentaire ou une alimentation pas toujours bien équilibrée.
Car elles affectent jour après jour l’estime que nous avons pour nous-même et dévalorisent le regard bienveillant que nous portons sur notre corps.

Changer son regard pour changer celui des autres

A l’adolescence, les jeunes n’ont presque aucun « filtre » et disent tout simplement tout ce qui leur passe par la tête, que ce soit en face, dans ton dos ou à proximité.
Alors oui, braver le regard des autres et surtout leurs remarques acerbes demande du courage mais surtout une grande dose de confiance en soi ! Et ce n’est pas toujours facile pour tout le monde …
Mais pour commencer, tu peux essayer de :
– faire la part des choses : est-ce mon avis ou bien celui imposé par une « norme » ?
– changer de regard : si ce corps était celui de mon ami-e, est-ce que tu penserais qu’il n’est pas assez ci ou trop ça ?
– te parler avec amour et bienveillance : si ton corps était celui de ton ami-e, que lui dirais-tu lorsqu’il se fait des reproches ?

En changeant le regard que l’on se porte, petit à petit le jugement des autres ne nous affectera plus. En se détachant du jugement des autres, ils adopteront une attitude différente, réévaluant peut-être leur propre jugement.
Et si nous sommes nombreux à adopter ces changements en même temps, alors nous arriverons à créer une nouvelle norme.
Comme je te l’ai dit, c’est un cercle. A nous de voir dans quel sens nous voulons le faire tourner …

De plus en plus de jeunes femmes et hommes réinventent les critères qui définissent leur genre et (par mauvaise assimilation) leur beauté.

Désormais tu peux être une femme (cis ou trans-genre) et laisser pousser les poils qu’ils voudraient que tu rases (oui tous ! ceux de ton sexe, de tes cuisses, de tes jambes, de tes tétons, de tes aisselles…) ou bien raser ceux qu’ils voudraient que tu laisses pousser (cheveux). Bref, n’en fais qu’à ta tête !
Tu peux avoir une micro-poitrine ou une généreuse, et ne pas décider de porter de soutien-gorge (assure-toi bien que cela ne t’abîme pas le dos). Et peu importe si parfois tu pointes … Les mecs aussi pointent des tétons, sans qu’on les pointe du doigts !
Et surtout 32, 38, 44, 52 … Ce sont avant tout des chiffres ! Il y a derrière une réalité plus importante à prendre en compte : celle de ta santé ! Aussi bien physique que mentale ! Achète ce vêtement une taille au-dessus si tu t’y sens plus à l’aise plutôt qu’à la taille « normée ». Et garde en tête que les régimes et le sport ne seront jamais la « bonne » réponse, si tu ne t’aimes pas d’abord.

De la même façon, si tu es un homme (cis ou trans-genre), tu peux désormais accepter ta pilosité telle qu’elle est : pas de barbe mais plein de poils aux jambes, des poils à ne plus savoir quoi en faire, ou aucun, au point de les chercher au microscope !
Tu peux décider d’avoir des muscles en béton ou bien en chocolat. Ou aussi accepter que quel que soit les efforts que tu fasses à la salle, tes muscles à toi préfèrent rester discrets !
Et surtout, la taille n’est JAMAIS ce qui compte (qu’on se parle de tout ton corps ou seulement d’une partie) ! L’important, c’est comment TOI tu perçois ce corps dans lequel tu vis. Si tu es bien dedans et que tu l’acceptes tel qu’il est, sans essayer de le changer en permanence, les autres arrêteront de croire qu’il y a quelque chose à changer.

Et pour finir

Je te laisse sur ces recommandations :
– Youtube : « Balance Ton Quoi » d’Angèle (je sais que tu connais par coeur la chanson; mais as-tu regardé attentivement le clip ? Elle y dénonce les « normes » et diktats de notre société genrée)
– Instagram : Paye Ton Poil, Les Garçons Parlent, J’Assume Qui Je Suis,
– Podcast : « La peur du jugement » par Balance ta peur